mardi 12 août 2014

Christian, y'en a marre !

@Sandale Argentières - Delage Créateur


Un petit billet qui ne va pas plaire à un paquet de gens mais y'a comme un léger ras le bol qui flotte dans l'air depuis quelques mois. 
Tout part d'un article de Christian Louboutin publié dans le magazine Vogue  et qui est passé inaperçu. Un article fort bien fait, comme toujours avec le mythique magazine américain. 
Et dans cet article... Une phrase. Somme toute simple et qui ne semble pas faire polémique au premier abord.

C’est en 1992 que Christian Louboutin ouvre son premier magasin de chaussures, rue de Grenelleà Paris. Celui-ci est surnommé le “boudoir” par les clientes qui le fréquentent.
Les créateurs remarquent vite les chaussures Christian Louboutin aux courbes ravageuses et aux talons fins. La plupart des paires de chaussures ChristianLouboutin sont fabriquées par des artisans italiens dans un souci de perfection.
Voilà. Vous l'avez vue, LA phrase?

Je m'étais toujours demandé pour quelle raison Christian Louboutin, qui représente la réussite d'un grand artisan français, faisait fabriquer ses souliers en Italie et en Espagne (car les compensées et espadrilles sont fabriquées en Espagne)
Seuls les modèles les plus haut de gamme (c'est a dire réservées aux stars) sont encore fabriqués à Paris dans l'atelier de la rue Rousseau.

Le sous-entendu est honteux et particulièrement bien entretenu par le créateur. 

La France n'est donc pas capable de la perfection en matière de souliers.

Pardon pour ce qui va suivre mais... Il se fout de la gueule de qui, là?!!

Monsieur Louboutin n'a donc jamais du entendre parler de Louis Felix? De Vincent Botessi? De Joseph Malinge ? Ou du célébrissime J.M Weston, dont les souliers chaussent tous les présidents du monde, et jusqu'au regretté J.F.Kennedy? 

On peut aussi lui présenter la maison de luxe bretonne Delage dernier atelier français à réaliser des modèles intégralement en galuchat? 

Que Christian Louboutin ai fait ses classes chez les plus grands ne le dispense pas d'un minimum de savoir-vivre. 
La création française se porte bien et au delà, les ateliers de confection sont actuellement les meilleurs au monde. 
Aucun atelier italien ne frôlera jamais la cheville du talent de Monsieur Massaro. 
Doit-on rappeler à Monsieur Louboutin que c'est en soulier français, réalisé à la main par Roger Vivier, que la toute jeune Elisabeth est montée sur le trône d'Angleterre?
Ou que c'est Charles Jourdan qui a créé un matin d'automne dans son atelier français le vertigineux et pourtant si stable talon aiguille que Louboutin se vante de commercialiser dans le monde entier?

Christian Louboutin fait partie de ces créateurs qui tuent la confection française tout en profitant de sa notoriété de designer français pour se remplir les poches.

Il n'est malheureusement pas le seul, soyons équitables.
Roger Vivier a délocalisé une partie de sa production en Italie et Louis Vuitton 
sous-traite près de la moitié de sa maroquinerie en Roumanie ou en Chine... 

Vendre 700euros une paire de souliers au prétexte que c'est du "luxe", c'est une chose.
Se faire du fric sur le dos des clientes en leur mentant de façon éhontée en est une autre.
Car une paire d'escarpins, toute Louboutin soit-elle, coute - sortie d'usine- aux environs de 200euros. Où passent les 500euros de différence? 

En temps de création? Oui une petite partie c'est vrai. Cela demande du temps, de la recherche de matières... 

Le reste?  Le service de communication de la marque argue que les charges sont écrasantes en France et que s'il fallait tout réaliser dans l'hexagone les souliers seraient vendus plusieurs milliers d'euros.

Mais alors, comment expliquer qu'une maison comme Louis Felix parvienne a vendre une paire d'escarpins fabriquée en France au même prix qu'une paire de Louboutin?

A cela, notre ami Christian n'a jamais répondu. Parce qu'aucune cliente ni aucun magazine n'a jamais osé lui poser la question...
Mais je l'ai ajouté à la liste pour le faire-part de décès de l'Artisanat Français.